Le CBD peut-il aider à maigrir ? Ce que nous dit la science

On peut vouloir mincir pour diverses raisons. Soit pour affiner sa silhouette, perdre un peu de cellulite ou quelques kilos superflus ; soit parce que l’on est en situation de surpoids, voire d’obésité. Selon la définition de l’OMS, ces deux derniers cas expriment une “accumulation anormale ou excessive de graisse” corporelle. 

On estime aujourd’hui que ces problèmes de santé ont été multipliés par plus de 4 parmi les jeunes de 5 à 19 ans dans le monde, entre 1975 et l’année 2016. Il existe des thérapies pharmacologiques contre l’obésité, mais qui auraient pour la plupart des effets indésirables souvent insupportables. 

Au vu de cette situation, peut-on utiliser du CBD pour maigrir ? Quels sont les effets et bienfaits de la consommation du cannabinoïde, issu du chanvre, sur notre masse corporelle, sur la perte de poids et le régime minceur ?

Obésité et surpoids : à quoi les reconnaît-on ?

Définition et causes du trouble médical

Pour caractériser la corpulence d’un individu, on utilise l’IMC, l’indice de masse corporelle. L’IMC est obtenu en divisant le poids par la taille au carré. On obtient alors un résultat en kg/m2. Pour être considéré en surpoids, le seuil établi est un IMC à plus de 25, tandis que l’obésité commence au-delà de 30 kg/m2. Cette dernière est considérée comme modérée, en dessous de 35, puis sévère entre 35 et 40, et enfin massive, au-delà de 40 kg/m2. Une corpulence considérée comme saine correspond quant à elle à des valeurs comprises entre 18,5 et 25. En 2020, près de 47 % des Français étaient au minimum en surpoids, selon le site de l’Assurance Maladie.

La prise de poids intervient dès lors que l’énergie procurée par l’alimentation dépasse celle qui est dépensée par le corps. Ce déséquilibre peut se produire si :

• la quantité de calories consommées est trop importante, en raison d’un régime riche en sucres, graisses, avec peu de légumes, etc.  ;
  
  
• les dépenses énergétiques sont trop faibles, notamment si l’on ne pratique pas de sport ou que l’on a un mode de vie sédentaire.

Facteurs aggravants et risques pour la santé

Les causes à la source de la prise de poids, et les facteurs aggravants, sont toutefois divers :

• des troubles psychologiques comme la dépression, le stress ou les troubles du comportement alimentaire (boulimie, grignotage…) ;
  
  
• un excès d’alcool ;
  
  
• l’arrêt de la cigarette ;
  
  
• etc.

Les risques encourus en cas de surpoids sont notamment la survenue :

• de maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, infarctus, AVC) ;
  
  
• d’un syndrome métabolique, un ensemble de troubles dus à l’excès de graisse dans le ventre ;
  
  
• d’un diabète de type 2 ;
  
  
• de troubles des reins et du foie.

Mécanismes biologiques de la prise de poids

Biologiquement, l’obésité consiste en un développement trop important des tissus adipeux, c’est-à-dire la “masse grasse” du corps. Celle-ci ne comprend pas le poids des muscles et des organes, que l’on nomme “masse maigre”. Les tissus adipeux se composent d’adipocytes, des cellules spécialisées dans le métabolisme, qui est la capacité à brûler des calories par le processus de la  “lipolyse”, mais aussi dans le stockage des graisses, sous forme de triglycérides (la “lipogenèse”). Ces derniers sont des lipides qui servent de réserves d’énergie, dans lesquelles le corps peut puiser quand il en a besoin.

Le trouble physiologique qu’est l’obésité évolue en deux étapes :

1. Les adipocytes commencent à emmagasiner des graisses et à prendre du volume, et le poids augmente ;

2. Les adipocytes arrivent à leur capacité maximum et se démultiplient, jusqu’à un facteur 10, pour pouvoir stocker de nouvelles graisses.

L’obésité peut être favorisée par la propension d’un individu :

• à stocker les graisses de manière importante ;
  
  
• à avoir un faible niveau d’hydrolyse des triglycérides (ou “lipolyse”). 

La lipolyse consiste à puiser de l’énergie dans les graisses en les brûlant. Elle est notamment régie par les hormones de l’insuline et les catécholamines. Les triglycérides brûlés sont ensuite transformés en glycérol et acides gras, des lipides qui fournissent de l’énergie. Présents en trop grandes quantités, comme en cas d’obésité, les acides gras se mettent toutefois à perturber le bon fonctionnement de l’insuline, qui doit normalement bloquer la production de glucose dans le foie. On observe alors une résistance à l’insuline et un pic de glucose, qui peuvent conduire au diabète et à l’apparition de maladies cardiovasculaires.

Le système endocannabinoïde comme régulateur de l’appétit et des dépenses énergétiques

Fonctionnement général du système SEC

Le système endocannabinoïde (ou SEC) est un mécanisme important dans l’équilibre de diverses fonctions vitales, comme le sommeil ou l’appétit. Le SEC est constitué de nombreux neurotransmetteurs et neuromodulateurs, parmi lesquels on trouve les endocannabinoïdes, des composés synthétisés par l’organisme et qui ont une structure proche des cannabinoïdes du chanvre et du cannabis (CBD, CBN, CBG, THC…). 

On trouve parmi ces cannabinoïdes, l’anandamide et le 2-AG, qui ont un effet activateur ou inhibiteur de l’activité cellulaire, via des récepteurs spécifiques. Les principaux récepteurs (CB1 et CB2) sont situés dans tout l’organisme, et en particulier dans les cellules nerveuses et immunitaires.

Le contrôle de l’équilibre énergétique par les CB1

Les CB1 sont connus pour leur contrôle de l’homéostasie énergétique, c’est-à-dire de l’équilibre entre apports et dépenses énergétiques, qui influence le poids. Selon une étude de 2017, la stimulation de l’activité des CB1 augmenterait l’appétit, tandis que leur blocage augmenterait l’impression de satiété et inciterait ainsi à moins manger et donc à éviter de prendre du poids. Enfin, les CB1 contrôleraient également la lipogénèse, ou encore la production d’insuline et de glucose. 

Selon cette même étude, le blocage des CB1 dans les adipocytes, chez des souris obèses, a permis d’améliorer leur métabolisme et leur masse corporelle. Il aurait également permis de prévenir la prise de poids et l’apparition de l’obésité, lorsqu’elle est causée par un régime alimentaire riche.

La suppression des CB1 favoriserait la transformation de la “graisse blanche” en “graisse brune”. À l’âge adulte, le corps est majoritairement constitué de tissus adipeux blancs. Or, ceux-ci sont des réserves de graisses, et donc d’énergie, tandis que les bruns aident à les brûler pour produire de la chaleur.

Pour toutes ces raisons, les CB1 et le système endocannabinoïde font partie des cibles prometteuses des études sur les traitements de l’obésité. Des études ont montré chez des souris que l’usage du Rimonabant, qui inhibe les CB1 – dont il est “un antagoniste” –, permettait de réduire leur masse corporelle et leur poids. Il a toutefois fini par être interdit pour l’Homme car il bloquait aussi les CB1 du système nerveux central, conduisant à de graves troubles psychiques.

Du CBD pour maigrir ? Les effets et bienfaits du cannabidiol sur le système endocannabinoïde et le poids corporel

Un antagoniste non compétitif des récepteurs CB1

Le CBD, ou cannabidiol, est un cannabinoïde naturellement présent dans les plantes de chanvre et de cannabis. À la différence du THC, qui est la substance active du cannabis récréatif, le CBD n’est pas psychotrope, euphorisant ou addictif. Il est, de plus, connu pour sa capacité à stimuler indirectement le fonctionnement du système SEC, grâce à sa régulation des taux d’endocannabinoïdes, qui sont produits par le corps. Ce composant naturel du chanvre stimule notamment dans les synapses les concentrations d’anandamide, qui agit sur les récepteurs CB1, permettant de stabiliser l’activité cellulaire.