Le CBD impacte-t-il la fertilité ?
Les difficultés à concevoir un enfant pour les couples hétérosexuels sont plus fréquentes qu’il n’y paraît. On estime en effet que l’infertilité toucherait une personne sur six, toutes régions du monde confondues. Pour contourner ou traiter les troubles en cause, notamment des anomalies des systèmes reproducteurs masculin et féminin, il existe désormais des solutions médicales comme la PMA. Avant de sauter le pas de la fécondation in vitro ou de l’insémination artificielle, il peut toutefois être utile, pour maximiser ses chances d’avoir un bébé, d’adopter un mode de vie plus sain (activité physique, alimentation équilibrée, etc.). Se pose alors la question de l’intérêt du CBD, un cannabinoïde issu du chanvre, connu pour ses bienfaits sur le corps humain. Consommation de CBD et fertilité peuvent-elles avoir un lien ? Et quels sont les effets du cannabidiol sur les différents stades de la procréation ? La Ferme du CBD fait le point pour vous.
Les problèmes d’infertilité dans le monde
Définition de l’infertilité
L’infertilité est décrite par l’OMS comme étant, chez l’homme ou la femme, une maladie du système reproducteur empêchant la conception d’un enfant, après au moins 12 mois de rapports réguliers non protégés.
Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé publié en mars 2023, cette condition toucherait environ 17,5 % des adultes dans le monde, soit près d’un individu sur six ; ce qui en fait un problème de santé majeur. Ce chiffre serait stable d’une population et d’un pays à un autre, quel que soit son niveau de vie moyen.
L’infertilité est d’autant plus grave qu’elle peut également être source :
- de souffrance psychologique ;
- de problèmes relationnels ;
- ou financiers.
Les causes de la pathologie
Dans les trois quarts des cas, l’infertilité est d’origine masculine ou féminine, ou les deux à la fois. Jusqu’à 25 % des cas d’infertilité restent toutefois inexpliqués, après bilan hormonal et examen clinique.
Chez la femme, les causes principales sont :
- l’âge ; les fonctions reproductives diminuant après 35 ans ;
- une lésion des trompes de Fallope ;
- l’endométriose ;
- le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ;
- les IST ;
- des maladies chroniques (cancers, diabète, dépression…).
Chez l’homme, l’infertilité est notamment due à :
- des anomalies de l’appareil génital et des dysfonctions sexuelles ;
- une altération de la spermatogenèse, en quantité ou en qualité ;
- des problèmes d’obésité sévères.
Les facteurs environnementaux comme l’exposition à certains pesticides, solvants, perturbateurs endocriniens (phtalates) ou le tabac, concernent les deux sexes. Un dérèglement hormonal ou un excès de stress peut aussi être en cause.
Que conseille la médecine contre l’infertilité ?
Bonnes pratiques pour augmenter ses chances d’avoir un enfant
Avant d’avoir recours à un traitement, quelques bonnes pratiques permettent d’augmenter ses chances de procréer. Le tabac est déconseillé, car il réduit la fertilité chez la femme. Il est aussi contre-indiqué en cas de recours à la fécondation in vitro ou, pour les hommes, avant toute forme de procréation médicalement assistée (PMA). La consommation de drogues (cocaïne, héroïne, etc.) est, quant à elle, à proscrire totalement.
Une bonne forme physique est aussi recommandée. Celle-ci passe par une alimentation saine et équilibrée, le maintien ou le retour à un poids normal et une pratique sportive régulière – toutefois, peu intense, chez les femmes. Pour ces dernières, il peut également être judicieux de réduire sa consommation de caféine.
Une fréquence d’un rapport tous les deux jours, autour de la période d’ovulation, maximise également les chances d’avoir un bébé.
Solutions médicales et traitements usuels
Les difficultés financières rencontrées par les couples souffrant d’infertilité sont en lien direct avec les coûts élevés des traitements, ou des techniques comme la fécondation in vitro (FIV). Ceux-ci sont, la plupart du temps, non pris en charge par les systèmes de sécurité sociale. Par conséquent, ces solutions sont inaccessibles aux ménages les plus pauvres. La prévention et les procédés permettant les diagnostics ne sont également pas suffisamment financés.
Parmi les solutions disponibles, on peut notamment citer :
- les traitements hormonaux, indiqués en cas de dérèglement hormonal, comme avec le SOPK ;
- l’AMP, ou Assistance Médicale à la Procréation, anciennement appelée PMA, qui ne résout pas l’infertilité mais maximise les chances de grossesse par manipulation des gamètes mâles ou femelles (fécondation in vitro, insémination artificielle, etc.).
CBD et fertilité : ce que l’on sait des effets du cannabidiol sur le système reproducteur
Implication du système endocannabinoïde sur la fonction reproductive
Le système endocannabinoïde (SEC) est un ensemble de neurotransmetteurs, neuromodulateurs et récepteurs du corps humain, qui a pour rôle majeur l’équilibre de nombreuses fonctions biologiques, comme l’appétit, le sommeil ou l’état psychologique. Ce système fonctionne grâce à l’action des endocannabinoïdes, des molécules proches des cannabinoïdes issus du chanvre et du cannabis (CBD, THC, etc.), naturellement produites par l’organisme.
Ces composés, parmi lesquels figurent l’anandamide ou le 2-AG, agissent sur les récepteurs de cellules, notamment cérébrales ou immunitaires, en ayant à la fois des effets inhibiteurs et activateurs. Ces derniers permettent la régulation de l’activité cellulaire. On retrouve ces récepteurs, dont les principaux sont les CB1 et CB2, à travers tout le corps humain : le système nerveux, les organes, les os, etc.
Ils sont également impliqués dans les systèmes reproducteurs féminin et masculin. Le SEC est par exemple présent dans les ovaires, et les CB1 et CB2 dans les ovocytes. Le système endocannabinoïde joue aussi un rôle important dans la spermatogenèse, le processus de formation des spermatozoïdes. L’activation de CB1 et CB2 influence entre autres la faculté de mouvement des spermatozoïdes, favorisant leur disponibilité lors de l’ovulation.
Effets positifs supposés du CBD sur la reproduction
Le CBD, un cannabinoïde issu du chanvre, sans danger pour la santé, a démontré ses bienfaits sur le système endocannabinoïde. Il permet notamment l’inhibition de l’enzyme décomposant l’anandamide, la FAAH, stimulant ainsi l’action régulatrice des endocannabinoïdes sur les cellules.
Or, selon diverses études, une plus grande concentration d’anandamide chez la femme, pendant la période d’ovulation, stimulerait le processus et augmenterait les chances de fécondation. Elle retarderait notamment la réaction acrosomique des spermatozoïdes, une libération d'enzymes ne devant avoir lieu qu’au moment de la rencontre avec l’ovocyte, pour permettre la pénétration du gamète mâle. L’implantation réussie de l'œuf fécondé dans l’utérus (l’embryon), qui a lieu environ sept jours après l’ovulation, serait quant à elle associée à une diminution du taux d’anandamide dans le plasma. Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur l’utilité du CBD sur la fertilité, son action pourrait ainsi avoir un intérêt durant l’ovulation, en augmentant les taux d’anandamide.
Le cannabidiol possède également des vertus qui pourraient indirectement favoriser la fertilité. Il aide notamment à lutter contre :
- le stress, la dépression et les troubles du sommeil ;
- les inflammations et les douleurs, qui font justement partie des symptômes de l’endométriose ;
- les dérèglements hormonaux, notamment dus au SOPK, grâce à son action sur le système endocannabinoïde ;
- les addictions, comme celle à la nicotine ;
- la prise de poids, qui peut être concomitante de l’addiction et des troubles de l’humeur.
Effets négatifs supposés de certains cannabinoïdes
Si la prise de CBD pendant l’ovulation pourrait s’avérer utile pour les femmes, il serait toutefois important d’arrêter après cette période, afin de ne pas interférer avec la formation éventuelle de l’embryon. Faute d’études suffisantes, la consommation de cannabidiol est également déconseillée pendant toute la durée de la grossesse, les fluctuations du taux d’anandamide pouvant impacter le développement du fœtus. Quoi qu’il en soit, il convient de demander l’avis d’un professionnel de santé, avant toute prise de CBD.
Le cannabis, à la différence des produits au CBD légaux, contient des taux importants de THC, le cannabinoïde responsable des effets psychotropes de la plante. Selon les résultats inattendus d’une étude d’Harvard menée sur des hommes fumeurs, une consommation en faibles quantités pourrait être corrélée à une production accrue de spermatozoïdes.
Sa consommation, notamment en quantités plus importantes, est toutefois considérée comme néfaste pour la morphologie des spermatozoïdes, et donc pour la fertilité masculine. Si les études incriminent généralement le THC, les données sont insuffisantes pour tirer des conclusions sur les effets de chaque cannabinoïde, tel que le CBD. À part une étude effectuée en 1979 qui tendait à innocenter le cannabidiol, la recherche s’est en effet essentiellement concentrée sur le cannabis, plutôt que ses composés pris séparément.
Interactions entre CBD et contraception hormonale
Il est à noter également que le cannabidiol interférerait avec les pilules contraceptives contenant des œstrogènes, comme l’éthinylestradiol, dérivé de synthèse de l’estradiol. Il s’allierait notamment aux récepteurs ciblés par l’éthinylestradiol, empêchant son action contraceptive.
Le CBD inhiberait également l’action d’enzymes issues de la famille CYP450, qui permettent le métabolisme, c’est-à-dire la dégradation, de nombreux médicaments dans le foie, tels que la pilule contraceptive. Ceci conduirait potentiellement à une altération de son action contraceptive et à une amplification de ses effets secondaires. Une consommation différée (3 à 4h d’intervalle) suffirait toutefois à prévenir cette interaction médicamenteuse.
Le nombre d’études sur le cannabidiol, indépendamment du cannabis, est donc insuffisant pour pouvoir tirer des conclusions claires quant à ses effets sur les processus de fécondation. Toutefois, son action bénéfique contre le stress, les insomnies, les inflammations et les douleurs pourrait indirectement améliorer la fertilité. Le CBD, par exemple pris sous forme d’huile de CBD, aurait également un intérêt non négligeable chez la femme, à l’approche de la période d’ovulation, qui nécessite des taux d’anandamide élevés. Attention toutefois à stopper sa consommation dans les jours suivant l’ovulation, pour ne pas interférer avec le possible développement d’un embryon, puis du fœtus, pendant la grossesse. De plus, l’avis d’un médecin reste primordial, avant toute consommation de CBD pour la fertilité.
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