Le CBD est-il un psychotrope ? Démêlons le vrai du faux

Comprendre les termes : psychoactif VS psychotrope
Définition de psychoactif
Une substance est dite psychoactive lorsqu’elle agit sur le cerveau en franchissant la barrière encéphalique, influençant ainsi certaines fonctions mentales (comme l’humeur, la concentration ou le stress). On retrouve ici une large gamme de molécules : caféine, nicotine, THC, CBD…
Par exemple, la caféine est la substance psychoactive la plus consommée dans le monde. Car oui, elle améliore la vigilance, sans pour autant altérer le psychisme. Autrement dit, le CBD est bien une molécule psychoactive puisqu’il interagit avec le système nerveux, mais cela ne veut pas dire qu’il est psychotrope.
Définition de psychotrope
Le terme psychotrope désigne une catégorie plus restreinte : ce sont des substances qui modifient de manière notable le psychisme, les perceptions ou les états de conscience. Dans le domaine médical, on parle par exemple de médicaments psychotropes pour désigner les anxiolytiques, les antidépresseurs, les somnifères ou les neuroleptiques. Ces substances agissent en profondeur sur les émotions, le comportement ou les capacités cognitives.
Le THC, principal composant psychoactif du cannabis, est considéré comme psychotrope puisqu’il altère la perception. Ainsi, tous les psychotropes sont psychoactifs, mais tous les psychoactifs ne sont pas psychotropes. Le CBD est donc un psychoactif sans être un psychotrope.
Le CBD : ses effets sur le cerveau et le corps
Interaction avec le système endocannabinoïde
Le système endocannabinoïde est un vaste réseau biologique présent dans tout le corps humain (et chez tous les vertébrés). Il joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre interne de l’organisme, ce qu’on appelle l’homéostasie. Il régule ainsi des fonctions clé comme le sommeil, l’humeur, la mémoire, l’appétit ou encore la gestion de la douleur.
Ce système repose notamment sur deux types de récepteurs :
- CB1, présents majoritairement dans le système nerveux central ;
- CB2, concentrés dans les tissus immunitaires.
Le CBD agit donc en interaction avec ces récepteurs, sans les activer de manière directe. Contrairement au THC, qui stimule fortement le CB1 (et provoque des effets psychotropes), le CBD agit plutôt comme un modulateur, atténuant l’effet du THC s’il est présent. C’est aussi ce qui lui permet d’avoir des effets apaisants sans altérer la perception.
Effets ressentis : relaxation sans euphorie
En tant que molécule psychoactive, mais non psychotrope, les effets du CBD viennent agir sur le cerveau, mais sans modifier la conscience ou les perceptions. En d’autres termes, la molécule de CBD ne fait pas “planer”.
Les bienfaits du CBD généralement observés sont :
- une sensation de détente ;
- une réduction du stress ou de l’anxiété ;
- un meilleur sommeil ;
- parfois un soulagement des douleurs légères ou chroniques.
Ces effets s’expliquent par le fait que le CBD s’intègre très naturellement dans notre organisme : ce dernier produit déjà des molécules similaires, appelées endocannabinoïdes (comme l’anandamide). C’est cette affinité biologique qui fait que le CBD est bien toléré, non-addictif et sans danger s’il respecte les taux légaux de THC. Quant aux effets indésirables du CBD, ils sont inexistants ou très rares si vous respectez les doses recommandées.
Le CBD peut-il vous faire « planer » ? Ce que dit vraiment la science
C’est une question légitime que beaucoup se posent : le CBD a-t-il des effets planants comme le cannabis récréatif ? La réponse est clairement non. Et ce n’est pas une opinion, c’est un consensus scientifique.
Contrairement au THC, le CBD ne provoque aucune altération de la conscience. Il n’induit ni euphorie, ni effet hallucinogène, ni dépendance. C’est ce qui le rend fondamentalement différent du THC, même s’ils sont tous deux issus de la même plante : le chanvre.
Cette différence entre le CBD et THC s’explique par la manière dont ils interagissent avec le système endocannabinoïde :
- Le THC agit comme un agoniste puissant du récepteur CB1, situé principalement dans le cerveau. C’est cette stimulation directe et excessive qui perturbe la communication neuronale normale et provoque les effets planants.
- À l’inverse, le CBD agit comme un modulateur allostérique négatif de CB1. En d’autres termes, il empêche le THC (et d'autres composés) de se lier trop fortement à ces récepteurs, réduisant ainsi leurs effets indésirables sur le psychisme.
Le CBD ne se limite pas à ses effets sur les récepteurs cannabinoïdes. Il interagit également avec d'autres systèmes de régulation du stress et de l'humeur, notamment les récepteurs de la sérotonine 5-HT1A : or, ils sont bien connus pour leur rôle dans la régulation de l'anxiété, de la douleur et du sommeil.
Des recherches ont montré que cette interaction pourrait contribuer aux effets relaxants et anxiolytiques souvent attribués au CBD, tout en neutralisant certains effets négatifs du THC (comme l’anxiété ou la paranoïa).
Légalité et perception du CBD en France
Cadre légal actuel
En France, le CBD est légal, à condition qu’il respecte certaines règles strictes. La plus importante étant que le produit fini ne doit pas dépasser 0,3% de THC (la molécule responsable des effets planants du cannabis).
Cette réglementation s’aligne sur les normes européennes et concerne tous les formats : huiles au CBD, gélules de CBD, résines de CBD, fleurs de CBD et même les cosmétiques. Les produits à base de CBD peuvent donc être vendus librement, à condition d’être issus de variétés de chanvre autorisées et de contenir un taux de THC conforme.
Il existe aussi de nouveaux cannabinoïdes qui commencent à faire parler d’eux, comme le CBG, le CBN ou encore le THCV : ils suscitent un fort intérêt scientifique, mais ne sont pas encore aussi connus que le CBD ou le THC.
Différences avec le THC aux yeux de la loi
Ce que la loi interdit, ce n’est pas le chanvre en lui-même, mais le THC (tétrahydrocannabinol), cette molécule qui est donc responsable des effets psychotropes du cannabis. Le CBD et le THC proviennent tous deux du chanvre, mais n’ont pas les mêmes propriétés, ni le même statut juridique.
Le THC est considéré comme une substance stupéfiante, car il modifie la perception et peut entraîner une dépendance. Il est donc strictement interdit en France, sauf dans le cadre d’usages médicaux très encadrés. Le CBD, lui, n’a aucun effet euphorisant et ne provoque pas d’addiction : c’est pourquoi il est autorisé, sous conditions. C’est cette distinction qui explique pourquoi on parle souvent de cannabis récréatif (interdit) et de cannabis bien-être ou CBD (autorisé).
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