UE: augmentation du taux légal de THC
Le chanvre et ses vertus thérapeutiques et diététiques
Consommé sous forme d'huile ou de graines, le chanvre possède des vertus thérapeutiques et diététiques. Cependant, cette variété du cannabis présente la molécule responsable des effets psychoactifs, bien qu'en faibles taux. Pour veiller à la santé de ses citoyens, chaque état a établi un taux maximal légal dans le chanvre cultivé. Or, cela peut aboutir à des variations du simple au double ! Pour favoriser la commercialisation du chanvre au sein de l'Union européenne, le parlement a voté fin 2021 pour élever ce taux de 0,2% à 0,3%.
Le THC dans le cannabis et le chanvre
Le chanvre est une espèce constituée de plusieurs variétés qui possèdent toutes du tétrahydrocannabinol (THC). C'est une forte concentration en THC qui conduit aux effets psychoactifs recherchés par certains consommateurs. Exprimé en pourcentage par poids, le taux du cannabis peut aller de 3% à 15%, voire parfois davantage pour certaines souches. Ce que nous appelons le chanvre représente des variétés disposant de faibles taux et donc non nocifs pour la santé (cela peut aller jusqu'à moins de 0,2%).
Un des éléments pour lequel milite l'EIHA
Aujourd'hui, le taux exigé en France est de 0,2% maximum, comme il l'était pour l'UE. Cependant, certains pays ont fixé l'exigence à un taux plus élevé : 0,6% pour l'Italie ou 1% pour la République tchèque. Tout en permettant à chaque nation indépendante de conserver sa réglementation, la Politique agricole commune qui entrera en vigueur en janvier 2023 favorisera les échanges commerciaux internationaux au sein de l'UE. Par ailleurs, cela augmentera le catalogue des variétés acceptées pour la culture et l'exploitation du chanvre en incluant toutes celles dont le taux de THC peut atteindre 0,3%.
Ce vote représente une grande avancée pour Daniel Kruse. Président de l'Association Européenne de l'Industrie du Chanvre (EIHA), il milite pour augmenter ces taux depuis une décennie. Pourtant, cette hausse lui semble encore trop faible en regard des taux appliqués par d'autres pays européens.
De ce fait, l'EIHA lutte encore pour augmenter le taux maximum légal de THC en vue de s'aligner sur les seuils en vigueur au Canada.
Pourquoi un tel taux, alors ?
La frilosité du parlement peut s'expliquer par une inquiétude quant aux impacts du THC sur la santé des consommateurs. À la demande du parlement, l'ESRA (L'Autorité Européenne de la Sécurité Alimentaire) a mené en 2020 une étude pour évaluer l'exposition humaine au THC. Cette étude s'appuie sur la dose de référence aiguë (ArfD) établie par l'ESRA en 2015 de 1 μg/kg poids corporel pour le THC. Il en ressort que cet ArfD est dépassé dans la plupart des produits à base de chanvre étudiés chez des adultes grands consommateurs.
Toutefois, Daniel Kruse évoque l'existence d'études démontrant une absence de risque pour la santé des consommateurs même à des taux plus élevés. En effet, une étude menée par Franjo Grotehhermen et al. en 2002 démontrait que la consommation de produits à base de chanvre avec un taux de THC, équivalent à celui du Canada à l’époque, n'entrainait aucun effet secondaire sur la santé.
Lors d'une interview pour BusinessCann, Lorenza Romanese, directrice générale de l'EIHA, a déclaré : « Les valeurs limites actuelles de l’EFSA sont extrêmement strictes et dépassées. Elles sont basées sur des valeurs indicatives inexactes qui ont été utilisées pendant de trop nombreuses années. »
Évoquons également qu'un taux trop bas de THC maximum peut conduire à du rappel d'aliments dépassant la limite maximale sans qu'un danger ait été établi pour autant.
Comme dit Daniel Kruse : « Nous devons continuer à travailler ensemble, il y a toujours d'autres situations où le chanvre mérite d'être mieux régulé, mais nous sommes sur la bonne voie. »
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